En complément du dossier technique que nous avons produit en collaboration avec les Amis de la Terre et la SEPANSO, veuillez entendre nos observations sur le fondement et la motivation de la réflexion qui a présidé à la proposition de travaux sujette à enquête.
Tous les prétextes et besoins invoqués par le SIVOM pour justifier les présents travaux, tant scientifiques que pratiques, sont faux :
- Il n’existe pas de demande de l’ensemble des ostréiculteurs pour faire passer leur barge puisqu’il est aisé de constater de visu qu’à marée basse, la barge passe sans problème et les 30 cm d’eau nécessaire y sont… Chacun peut en faire l’expérience à tout instant. Le passage du courant contre les parcs à huîtres entretient d’ailleurs naturellement ce chenal depuis toujours, les lois hydrauliques n’ayant pas changé avec les dernières élections.
- Le dragage va permettre la pratique des sports nautiques : c’est faux. Il sera impossible de tirer des bords dans un chenal de 30, 40 ou 50 mètre de large. Pas plus que jamais, il ne sera possible de pratiquer la voile dans les parties sud du lac concernées par le dragage, sauf en période des 3 ou 4 heures de pleine mer, ce qui est déjà le cas. Cette perspective ne constitue en tout état de cause pas une restitution d’un quelconque état initial ou « état cible » et il n’existe nulle mémoire de cas où l’on ait pratiqué la voile ou sports nautiques en pleine eau à marée basse dans toute la partie sud du lac visée par les dragages.
- Le creusement d’un chenal va favoriser l’effet de chasse nécessaire à l’entretien du chenal d’entrée au port. Ce sera le contraire ! L’effet de chasse dépend uniquement du volume d’eau oscillant (la quantité d’eau qui entre et sort du lac). Or le fait de creuser un chenal (cad de remplacer des volumes de sable par des volumes d’eau) ne change rien au volume oscillant. Au contraire, le fait d’engraisser certaines plages réduit la capacité de contenance du lac et donc son volume d’eau. C’est ce qui s’est passé lors des dragages de 92 et de l’engraissage des plages et remblaiement pour la promenade du tour du lac. Le sable extrait du milieu du lac et déposé sur les berges a réduit d’autant sa capacité de contenance, donc le volume oscillant, ayant un effet négatif sur l’effet de chasse.
- Amélioration de la qualité des eaux du lac par le creusement d’un chenal ! Comme nous l’avons dit, le creusement d’un chenal n’augmente pas la quantité d’eau entrante. Par contre, la mise en eau à marée basse va créer des eaux stagnantes à marée basse et il y aura moins de renouvellement de l’eau du lac. Donc une prévisible dégradation de la qualité des eaux, surtout dans la perspective comme partout où stagne de l’eau de la prolifération d’algues invasives telle l’ulve qui colonise toute la partie nord du lac.
- Utilisation des sables extraits pour comblement des plages de la savane : notre étude détaillée prouve, à l’appui des constatations de l’IFREMER, que les études réalisées sont des études de qualité de l’eau et non de sédiments. C’est à dire qu’alors qu’on envisage de draguer sur un mètre par endroit, on n’a fait des études que sur le premier centimètre de sédiment ! Il suffit de creuser avec une fourche pour constater que la quasi totalité du sable dont on veut engraisser les plages de la savane sont des sables noirs et des vases, pollués par des métaux lourds, HAP et TBT.
En outre, contrairement à ce qu’on voudrait faire croire, la niveau de sable dans le lac n’augmente pas dans la partie sud. Les édifices qui encerclent le lac sont autant d’échelles de mesures qui permettent d’affirmer que le niveau maximum de sable n’a pas bougé depuis leur construction dans les années 60. Les concrétions vaseuses qui émergent encore dans certaines parties en sont un autre témoin. Nous avons démontré que le modèle utilisé par Rivage ProTech et et repris IDRA était erroné. Les études montrent seulement que le sable rebouche au fur et à mesure les dragages antérieurs et qu’il a comblé tout ou partie des dragages des années 70, restituant le milieu de cette époque.
Une autre évidence est de constater que le milieu sableux reste le plus favorable à l’équilibre écologique du lac, qu’il est son milieu naturel, où depuis qu’ont cessé les agressions mécaniques, se développent à nouveau les coquillages, les mollusques, les vers et les espèces protégées comme les hippocampes et les zostères.
Il n’existe donc dans les 250 pages de ce dossier aucune raison susceptible de justifier les travaux envisagés qui mettent en grand péril un des joyaux de notre environnement. En effet, les rapports et études suite aux dragages de 1992 (étude et témoignages de la SPSH notamment) concordent avec les souvenirs des riverains et usagers du lac. Les dragages, similaires à ceux proposés ici, avaient occasionné l’apparition de vases nauséabondes qui ont nui durablement aux résidents, à l’équilibre écologique du lac, ainsi qu’aux activités économiques et de baignade, la population ayant quasiment déserté les plages nauséabondes. C’est le travail naturel des marées pendant vingt ans qui a permis de rétablir cet équilibre et aux enfants et à leurs familles, principaux utilisateurs du lac durant tout l’été, de revenir gambader sur les plages et les bancs de sable.
Nous vous demandons donc, Monsieur le Président, d’émettre un avis défavorable à la poursuite de ces travaux, afin de pouvoir reprendre une vraie réflexion et envisager la gestion durable du sable dans le lac d’Hossegor sur des bases scientifiques et pratiques justifiées, la gestion environnementale pour des zones classées comme c’est le cas étant la seule susceptible de déboucher selon nous sur une logique acceptable, y compris du point de vue économique, nous l’avons démontré.
Dans ce contexte :
Participation de la SEPANSO à l’enquête publique
Participation des Amis de la Terre à l’enquête publique