Communiqué de presse du 10 décembre 2018
C’est au cours de l’été 2018 que les habitants des Landes ont appris par voie de presse la préparation d’un projet de vague artificielle à Castets, porté par la société Wavelandes, en collaboration avec la mairie.
Cette annonce a fait suite à la médiatisation d’un projet équivalent à Lacanau. La perspective de reconnaissance du surf comme discipline olympique aux JO de Tokyo 2020 puis aux JO France 2024 aiguise les appétits d’investisseurs privés pour ce type de projet, basé sur la technologie de la société Wavegarden et déployé opérationnellement sur un seul site en Europe à ce jour, au Pays de Galles.
En 2015, un projet de vague artificielle a été abandonné dans le sud des Landes, notamment pour raison de non viabilité économique reconnue par le Département.
Plus récemment, un projet de même nature a été aussi abandonné à Lit et Mixe.
Ce nouveau projet n’a pour l’instant pas fait l’objet de réunion publique et très peu d’informations techniques sont mises à disposition du grand public, si ce n’est l’épisode marketing & médiatique de l’été qui a suivi la présentation à la presse.
Ce projet soulève pourtant de nombreuses questions d’ordre démocratique, écologique, technique et économique.
Pourquoi une réunion publique de présentation du projet n’a-t-elle pas été proposée ?
Pourquoi mettre en œuvre des moyens et subventions publiques (Région, Département, Communauté de Communes, Commune) financés par les impôts des citoyens pour un projet privé qui déploierait un bassin équivalent en surface d’une vingtaine de piscines olympiques… focalisé sur une niche commerciale : le surf payant sur vague artificielle pour usagers aisés, touristes sur l’autoroute des vacances et sportifs sponsorisés.
Rappel : la communauté de communes Côte Landes Nature ne dispose d’aucune piscine municipale, qui serait pourtant un service public bienvenu pour toutes les générations de ce territoire.
La décision du Conseil Municipal du 5 décembre 2018 de vendre le terrain au gestionnaire privé du projet illustre la méthode choisie.
Comment, à une époque où de très nombreux signaux d’alarme sont envoyés par la communauté internationale sur l’urgence climatique et l’effondrement en cours des système naturels, peut-on continuer à vouloir déployer de tels systèmes artificiels et énergivores ? Qui vont ici pomper inutilement la ressource naturelle en eau dont on sait bien la raréfaction en cours, partout sur la planète.
Comment les promoteurs de ce type de projet osent-ils le qualifier d’écologique ? Bétonner et plastifier 2,7 ha de lande pour un bassin à vagues est-ce écologique ?
Pourquoi dépenser tant d’énergie électrique pour entretenir le mouvement de ces vagues (900 vagues à l’heure) à l’heure de la sobriété énergétique érigée en priorité mondiale, à quelques kilomètres d’un océan qui offre de magnifiques vagues gratuitement ? Pâle imitation de la nature !
Au quotidien, les impacts techniques et financiers sur le pompage de l’eau municipale potable seront très importants : alimentation d’un bassin à vagues de 40000 m3 environ et globalement pour l’ensemble du site l’équivalent de 85% de la consommation annuelle de Castets.
Comment serait traitée l’eau du bassin ? En Octobre 2018, un jeune surfeur américain est mort des suites d’une méningo-encéphalite amibienne contractée sur la vague artificielle de Waco au Texas. La vague artificielle a été fermée pour une durée de 6 mois, le temps d’améliorer le système de traitement de l’eau. En France, l’ARS n’est pas règlementairement compétente pour surveiller la qualité d’eau des bases privées de loisirs. La responsabilité en incomberait au porteur privé du projet. Rassurant ? Non, plutôt un sérieux sujet de santé publique.
La vidange annuelle du bassin se ferait par déversement aux alentours du site, pourtant adjacent à des zones Natura 2000.
Une enquête publique doit être a priori envisagée, en accord avec la loi sur l’eau.
La consommation électrique globale d’un tel projet représenterait l’équivalent de cinquante à cent maisons individuelles, avec là aussi utilisation d’énergie et de moyens de raccordement publics pour un projet privé contradictoire avec la politique d’économie d’énergie nationale.
On peut enfin se questionner sur le pari financier et économique du projet (cf. l’abandon des projets précédents).
Où va-t-on aller chercher le millier de surfeurs espérés chaque jour, 8 à 10 mois par an, pour amortir et rentabiliser un projet à 40 Millions d’euros initiaux et 8 millions d’euros de fonctionnement annuel ?
Combien de surfeurs landais ou de passage seraient-ils prêts à débourser régulièrement 50 à 70 euros pour quelques vagues calibrées par ordinateur ?
Comment va-t-on attirer le public dans un jardin artificiel et bruyant, encadré d’activités payantes, en bordure d’autoroute et de zone industrielle d’activités classées Seveso ?
L’étude environnementale évoque une atténuation par bruit blanc entre l’autoroute et le dispositif à vagues (?)
Ce projet est à l’opposé de l’image du tourisme nature défendue par la communauté des communes Côte Landes Nature.
Ce projet est à l’opposé de l’éthique surf défendue par la communauté surf des Landes.
A l’heure de l’urgence climatique et écologique, ce type de projet est anachronique et inconscient des enjeux environnementaux actuels, à Castets comme ailleurs.
Les collectifs et organisations signataires de ce communiqué organiseront une réunion publique à Castets sur ce projet en janvier prochain.
Signataires : Amis de La Terre, Born Interactif, Collectif C40R, Collectif Landes Urgence Climat et Environnement, Collectif des Surfers du Born, Collectif des Surfers Landais, NouTous, Sepanso