L’interdiction de l’élevage en plein air ?
Bonjour
Je souhaite vous contacter pour vous lancer une alerte
Voici ce qui se passe :
Je suis agriculteur, producteur de poulets bio, en vente en circuit court dont 90% en AMAP. Pour la 3° fois en 5 ans nous vivons une épidémie de grippe aviaire sur notre région. Elle a pour conséquence première un abattage massif d’animaux malades mais aussi seins. Aujourd’hui, nous savons que les crises à répétition dans le monde animal et chez les humains avec la Covid 19 en ce moment, sont très liées. Récemment, et enfin, un vétérinaire vient d’intégrer le conseil scientifique chargé d’intervenir sur la pandémie. Ces maladies à virus trouvent leurs origines dans nos manières d’habiter et d’occuper la planète.
Les élevages industriels concentrés, à forte densité d’animaux, constituent des portes d’entrées et des sources de développement des virus. Ces derniers s’adaptant et devenant de plus en plus virulent. Actuellement, les productions avicoles sont pratiquement à l’arrêt sur notre région afin de respecter un vide sanitaire avant de redémarrer. Mais ce n’est que la face émergée de l’iceberg.
C’est en ce moment que se prépare une réglementation nationale qui encadrera ce redémarrage. Et c’est là que le plus dangereux risque de se passer. L’élevage en plein air est dans le viseur de l’agriculture industrielle qui avance comme un rouleau compresseur. En matière d’élevage certains nous préparent le pire. Là où en sont les débats aujourd’hui pour organiser la reprise de la production après la crise, implique que bon nombre d’éleveurs comme moi ne pourront pas redémarrer et que leurs fermes seront condamnées à disparaître dans les mois qui viennent.
L’interdiction de l’élevage en plein air, ADN de nos élevages paysans, est voulue par les syndicats agricoles de l’agriculture industrielle (FNSEA et JA) dans un « pacte de redémarrage » (SO du 19/02/21) . Des responsables professionnels disent que, »pour sauver le plein air, il faut pouvoir fermer les animaux en période à risque »
Élever les animaux à l’intérieur ne veut pas dire les élever en plein air. Le plus « couillon » d’entre nous est capable de comprendre !!!!
En prévision de fermer des poulets au 15 Novembre, cela veut dire ne pas mettre dehors les animaux rentrés depuis début septembre car on ne claustre pas des poulets à 10 semaines qui ont vécu dehors jusque là. Pouvoir fermer des animaux pour 3 mois concerne donc la moitié de la production de l’année. Mon choix d’agriculture n’est pas celui là. Et je ne crois pas pour vous non plus.
Des dizaines de milliers de producteurs qui vivent honnêtement de leur travail sur des filières de qualité, en circuit court, en bio qui génèrent de l’emploi durable et avec le bien-être des animaux, sont en dangers. Des responsables professionnels encouragent et félicitent aujourd’hui (réunion du CIFOG du 4/02/21) les accouveurs (producteurs de poussins ou canetons) qui refuseront de livrer des éleveurs qui ne pourront pas claustrer les animaux en période à risque.
Tout cela pour pouvoir continuer dans une fuite en avant pour maintenir un système moribond. Il n’y a qu’à voir la santé financière des grands opérateurs de la région. C’est encore aux pouvoirs publics, donc au contribuable, qu’ils demandent de passer à la caisse pour indemniser et subventionner des bâtiments. Mais jusqu’à quand ? Quelle honte !!!!
Il est même question de plan social pour accompagner les agriculteurs qui ne pourront pas faire ces investissements non amortissables. Pour la COVID 19 on évite au maximum les rassemblements de personnes et il faut aérer les salles de classe toutes les heures alors que pour des animaux il faut les claustrer, les fermer à l’intérieur et ceci en grand nombre. Cherchez l’erreur.
Confiner les élevages ne protège pas du virus. Très peu de contamination des élevages par les migrateurs. Par contre que de failles et contaminations dans tous les contacts et échanges liés à l’organisation des filières longues industrielles.
Chez moi quand un poussin arrive à 1 j et repart prêt à mettre au four aucun échange n’a lieu avec l’extérieur. Et si par malheur un oiseau migrateur s’oublie sur le parcours et lâche du virus, contamine au pire des cas, on abat tout sur place, on bloque et on ne bouge pas. Ceci est possible car il s’agit de petite quantité. Au plus fort 3 000 animaux d’âges différents sont présents sur la ferme. Par contre quand le virus arrive sur des 10, 20 ou 30 000 canards, c’est autre chose. Tout le monde est dépassé . Le virus circule donc allègrement. La situation est ingérable. Et c’est la déferlante sur toute la région. Nous avons vécu cela ces dernières semaines pour la 3° fois en 5 ans.
L’ANSES ne confirme pas que la claustration protège du virus à 100%. Même s’il ne manque que 1%, c’est trop car le virus n’a pas besoin de plus. L’ANSES ne dit pas non plus que l’élevage en plein air est la plus importante source de première contamination. Grippe aviaire et COVID 19 ont un point commun; une vision simpliste de la vie au service de la cupidité de quelques-uns de moins en moins nombreux qui s’arrogent le droit de décider pour tout le monde. Pour l’instant rien n’est décidé par les pouvoirs publics. Il faut donc qu’ils entendent d’autres voix que celle des industriels afin qu’ils ne prennent pas des décisions catastrophiques pour l’agriculture paysanne que tout la société souhaite de plus en plus.
Si nous ne réagissons pas massivement et rapidement c’est le plein air et les cahiers des charges qui vont avec y compris celui de l’agriculture biologique qui vont disparaître de fait. Pour que les citoyens et les consommateurs se fassent entendre nous avons lancé, à deux syndicats paysans (Confédération Paysanne et Modef) une pétition, pour sauvegarder cet élevage de plein air.
Voilà donc quelques explications à ma requête.
Si vous pouvez et souhaitez faire quelque chose, n’hésitez pas à me contacter , je suis à votre disposition pour envisager toute collaboration pour prolonger l’action que nous venons de démarrer.
Merci
Dominique LOLLIVIER – RION des LANDES
Lire la pétition
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