Des esprits chagrins, mais pas du tout illogiques, se posent la question de savoir si aujourd’hui, la construction du Canal du Midi, d’un quelconque barrage hydro-électrique, d’une voie ferrée,… serait encore possible.
LES LECONS DE L’HISTOIRE…
Sans remonter à la construction des pyramides ou à l’époque des temples Mayas, ni aux grands projets entrepris par les Romains, on peut s’en tenir au défrichage, en Europe effectué par les moines aux alentours de l’an Mille qui a modifié l’environnement de l’époque. Certes l’impact écologique était faible, les forces productives et sources d’énergies étaient peu polluantes, mais au 20e siècle, soit mille ans plus tard, le problème s’est posé du reboisement. Ce déboisement correspondait, à l’époque, au besoin immédiat de créer de l’espace agricole – la seule source de richesse – face à une augmentation sensible de la population.
De cette expérience nous pouvons retenir deux choses :
- les hommes agissent, à leur époque, en fonction de leurs besoins immédiats ;
- ils ne prévoient en rien les conséquences de leurs actes.
La jouissance immédiate de biens – pas forcément essentiels – alliée à la course au profit prônée par le système marchand, a plongé exploiteurs et exploités dans une irresponsabilité qui a conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui.
L’exploitation de l’énergie nucléaire est la cerise sur le gâteau ; sous couvert d’énergie propre, elle risque de contaminer le monde pour plusieurs millénaires (Tchernobyl, Fukushima …)
… ET CE QU’IL FAUT EN TIRER
Quand on réfléchit aux dégâts causés à notre santé, à notre planète, par le développement industriel d’une minorité de pays sur les deux derniers siècles et aux dommages que subiront nos successeurs, on se doit de réfléchir sérieusement aux conséquences de nos décisions actuelles.
Le drame, c’est que tous les raisonnements économiques se font à court terme. C’est l’intérêt immédiat, déclaré supérieur, qui prime. Cette attitude est parfaitement conforme à la manière de fonctionner du capital aujourd’hui, et en particulier, financier : il faut que ça rapporte beaucoup et vite. Ce nouveau paradigme détermine toutes nos actions, y compris au plus profond de notre inconscient collectif. La perte de conscience collective, de réflexion citoyenne, l’individualisme imprimé par le fonctionnement même du capital nous entraîne vers des comportements irresponsables au regard des intérêts généraux de la société, de l’environnement et des générations futures.
Ce qui était possible, et sans conséquences importantes, autrefois ne l’est plus aujourd’hui.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons :
- le nombre d’habitants de la planète croissant, l’espace et les besoins pour chacun augmente au détriment du reste de la nature (voir l’Afrique, les terres arables en Europe,…),
- la puissance productive/destructrice des moyens modernes démultipliée par le progrès technique, est sans commune mesure avec les moyens du passé (capacité à transformer les territoires, industrie chimique, manipulations génétiques, capacité à épuiser les ressources naturelles,…),
- il existe une opinion publique qui a désormais son mot à dire. Le problème se pose de l’information, de la concertation et de la prise de décision. Le système politique actuel semble particulièrement mal adapté à ce genre d’exercice… la preuve dans les évènements actuels.
Apprendre à vivre ensemble dans un monde limité tout en donnant à chacun/ne les moyens d’une vie décente va nous obliger à poser les problèmes de manière différente. Il est aujourd’hui évident que les politiciens en place sont totalement incapables de répondre à cette situation. Seule l’action citoyenne consciente le permettra… elle a déjà commencé.
11 décembre 2014 Patrick MIGNARD