UN, ce « dialogue territorial » n’est rien d’autre qu’une opération de propagande destinée à imposer un projet dépourvu d’utilité publique.
Les militaires appellent ça une psyops*, de la guerre psychologique. CHOMSKY considère que «la propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures »**. En démocratie, la violence c’est la dissimulation, les mensonges, les manipulations, les conflits d’intérêts, la partialité, la déloyauté, les évaluations économiques fantaisistes et les études environnementales biaisées. Il faut, en effet, chasser de l’esprit les précédents fâcheux et la conscience de ce qui se passe sous nos yeux car si la population comprenait ce qu’on est en train de faire en son nom, il est probable qu’elle ne le permettrait pas.
Alors, ils ont recours à la propagande pour forcer les gens à accepter ce qui est manifestement contraire à leurs intérêts. Ce « dialogue territorial » est une psyops sous fausse bannière de dialogue. Elle fait naître une véritable exaspération chez ceux qui voient la manœuvre et savent que les « jeux sont faits ».
La question taboue : quelle est l’utilité publique de ce projet ? Quelles sont les justifications des dommages causés (destruction de zones humides, de milieux aquatiques, d’espèces protégées, d’espaces agricoles, défrichement de 240 ha de forêts, modification du régime des eaux, pollutions phytosanitaires, artificialisation des sols) ?
Si on s’accorde sur l’intérêt général d’un collège ou d’une maison de retraite, il est plus compliqué de s’accorder sur une opération de tourisme de luxe au profit d’une minorité de très riches. La concertation devrait donc porter sur l’utilité sociale de ce projet. Car il ne suffit pas qu’il soit voulu par des élus, des banquiers et des bétonneurs pour la justifier. C’est de cette question fondamentale, bien en amont, avant l’enquête publique, que doivent être saisis les citoyens. Par exemple :
- l’appât du gain des promoteurs immobiliers et des banquiers est-il d’intérêt général ?
- est-il d’intérêt général de consacrer des dizaines de millions d’euros d’investissements publics pour les loisirs d’un petit millier de riches golfeurs (0,9 % de la population) ?
- est-il d’intérêt général de détruire des centaines d’hectares de biens publics pour la même minorité ?
- est-il d’intérêt général de recourir au chantage à l’emploi précaire quand les mêmes organisent le chômage de masse, la paupérisation et la précarisation du monde du travail ?
DEUX, cette frénésie en faveur du tourisme de luxe, au profit des 10 % les plus riches, repose sur un modèle économique qui organise la braderie de notre patrimoine naturel et la précarité de l’emploi.
On se perd en conjectures. La droite locale s’oppose au projet. Socialistes et communistes défendent ce modèle économique dévastateur.
Pourtant on en voit mal l’intérêt alors qu’il y a déjà cinq golfs alentour, tous déficitaires. Ce projet n’est pas viable économiquement, ce sera un gouffre financier, une gabegie d’argent public, un déficit chronique des budgets de fonctionnement et d’investissement du syndicat mixte et un échec programmé au détriment de nos impôts, de la qualité de vie et de l’environnement. C’est indécent par les temps qui courent où tant de nos compatriotes peinent à joindre « les deux bouts ».
Alors ils font miroiter aux « masses laborieuses » qu’elles auront les miettes du festin de ce petit millier de privilégiés. Les créations d’emplois, le chantage habituel pour leur forcer la main.
Mais qu’en est-il exactement ?
L’expérience montre que les promesses de créations d’emplois ne sont jamais tenues (aéroport de Roissy, parc Euro Disney, EPR de Flamanville, LGV Tours-Bordeaux.). En fait ils additionnent d’abord les créations promises et les emplois de chantier (souvent des ouvriers étrangers employés par les filiales de Bouygues ou de Vinci dans de conditions douteuses au regard de la législation du travail et du séjour des étrangers). Les entreprises locales ne voient rien ou pas grand chose.
Ensuite, le mode de calcul des emplois promis participe de la fabrication du consentement : il existe différentes manières d’apprécier les choses, on compte trois fois, on grossit les retombées escomptées, on abuse de la notion d’emplois induits qui est un véritable mensonge. En clair la méthode de mesure est une tromperie, c’est de la publicité mensongère. On estime que 10 % des emplois promis sont effectivement créés.
Mais de quels emplois s’agit-il ?
Socialement, ce sont les petits boulots du tourisme : des emplois précaires, saisonniers, la moitié dans le secteur du nettoyage-ménage, des CDD au SMIC à 12h hebdomadaires. Au demeurant les investisseurs privés ne sont pas tenus par leurs promesses. Chacun sait qu’elles n’engagent que ceux qui les reçoivent. On se souvient du pacte de responsabilité 2012(CICE) : 45 milliards de cadeaux aux entreprises sur 3 ans et le MEDEF s’engageait, en contrepartie, à créer un million d’emplois. On le cherche toujours ce million !
On sait par la fédération qu’un tel complexe emploierait une quarantaine de salariés pour la maintenance des pistes de golf mais…ces professionnels seront envoyés sur place par la fédération. Les locaux seront déçus de l’écart entre promesses et créations effectives.
Ecologiquement, la braderie de nos espaces naturels est indéfendable. On ne peut pas afficher des promesses d’emplois fantaisistes sans se soucier de la nature de l’activité et de ses dommages écologiques (un sport gourmand en ressources naturelles, en eau, utilisant des engrais polluants, en limite de zones aquatiques protégées et…pour le seul profit d’un petit millier de golfeurs.). La valeur d’usage du patrimoine environnemental détruit n’est jamais prise en compte.
Economiquement, ce modèle s’effondrerait sans subventions indécentes, niches fiscales, précarité de l’emploi et destruction du patrimoine naturel. Au surplus, c’est stupide de raisonner dans l’absolu, sur un seul projet, sans réfléchir au « potentiel en emplois utiles créés» si la même dépense publique était consacrée à des projets alternatifs. De petits et moyens projets portés par les locaux et créant des emplois permanents, utiles et soutenables. Une activité maraîchère sur quelques hectares de ce site en lien avec la restauration publique par exemple. A l’opposé des valeurs élitistes à la sauce Palm Springs.
TROIS, il est temps de rendre la parole à la population. Aux dernières municipales de mars 2014 elle n’a pas été consultée sur ce projet prévu dès juillet 2013.
La démocratie représentative a épuisé ses charmes. Elle convenait à une population peu instruite et absorbée par les tâches agricoles. Aujourd’hui, tous les citoyens sont très largement éduqués et informés et ils n’ont pas besoin qu’une oligarchie décide à leur place de ce qui est bon pour eux, pour leur avenir, pour celui de leurs enfants. En clair ils savent ce qui est conforme à l’intérêt général.
Au contraire de cette oligarchie qui ne sert que des intérêts privés. Les élus communautaires de MACS comme ceux du conseil syndical du syndicat mixte Landes Océanes ne sont pas élus au suffrage universel direct comme les élus municipaux le sont. C’est de la non-démocratie.
Dès lors, pourquoi voulez-vous que cette oligarchie se préoccupe de l’intérêt général ? Elle n’est pas élue par le peuple, ils se cooptent entre-eux ! Ils favorisent les intérêts des lobbies de la finance et du béton qui inspirent ce projet. D’où vient qu’ils sont dépourvus de légitimité pour se prononcer sur son utilité publique.
D’ailleurs, les français ne s’y sont pas trompés. Ils considèrent à 87 % que « les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout des gens comme eux »*** . A 78 % que «le système démocratique fonctionne plutôt mal en France» et ont l’impression que leurs «idées ne sont pas bien représentées »****.
Pour toutes ces raisons, nous demandons, une fois encore, que soit organisé un référendum (L.5211-49 CGCT) afin que la population puisse décider directement de l’opportunité de ce projet bien avant l’enquête publique.
José MANARILLO
*Psyops : opérations psychologiques pour soumettre l’ennemi sans combattre (Zun-Tsu « L’art de la guerre »).
**Noam CHOMSKY, « La fabrique du consentement »
***Résultats du baromètre de la confiance politique du CEVIPOF-CNRS sorti en janvier 2014.
****(Résultats de l’enquête «Fractures françaises, vague 2 : 2014 » de l’IPSOS et CEVIPOF-CNRS).