Concernant le lac d’Hossegor, si des garanties solides ont été amenées par tous les acteurs en ce qui concerne le traitement des pollutions, la question du désensablement reste entière. Et notamment la question qui fonde toutes les autres: Pourquoi donc désensabler ? Avouez que pour apporter des solutions, il est fondamental de poser convenablement le problème.
Voici le courrier envoyé par nouTous aux membres du comité de pilotage du projet:
« Permettez-nous de tenter de vous faire entrevoir la question du sable sous un jour nouveau, et de vous convaincre que notre enthousiasme à défendre un point de vue environnemental n’est dirigé contre personne.
A qui le sable, et les bancs de sable en particulier causent-ils des nuisances ? On a beau chercher, on ne trouve pas…
- Pas aux promeneurs et pêcheurs à pieds, fouilleurs en tous genres, enfants avec leurs épuisettes, baigneurs, plagistes qui préfèrent un fond de sable tel qu’il s’est recréé que les fonds vaseux qui s’installent dès que la couche sableuse est enlevée.
- Pas aux ostréiculteurs qui ont déménagé sciemment leurs parcs du fond du lac vers les bancs de sable.
- Pas aux espèces de vers, mollusques, crustacés, coquillages, etc qui colonisent les bancs et servent de garde manger aux poissons et de base à la chaîne alimentaire en même temps qu’ils filtrent et participent à l’assainissement du milieu.
- Pas aux riverains qui ont subi les nuisances olfactives des vases pendant de longues années et qui doivent au sable de les avoir recouvertes et assainies.
- Pas aux espèces menacées et protégées tel l’hippocampe et la syngnate, les zostères qui se sont implantées et se sont développées pendant toute la période où le lac n’a pas été dragué. Les prélèvements effectués en 2015 montrent une forte évolution de ces espèces par rapport à 2011, preuve que l’apport annuel de sable d’empêche pas le développement de ces espèces, bien au contraire ! Ce qui démontre qu’il est nécessaire de considérer le milieu du lac dans son ensemble.
- Aux riverains, aux promeneurs ? une enquête nous démontrera-t-elle que la vue des méandres de chenaux et bancs de sable à marée basse où reposent les mouettes et goelands est néfaste à l’image d’Hossegor ?
- Aux clubs nautiques ? Les clubs nautiques naviguent au fond du lac à marée basse et viennent occuper l’ensemble du lac pendant les trois ou quatre heures où la marée haute le permet selon les coefs, comme c’est le cas depuis la création du seuil. La création d’un chenal de 50 ou 60 mètres de large tel qu’envisagé leur permettra-t-elle de naviguer à toute heure ? Assurément non, cela ne changera rien pour eux.
- Pas à « l’effet de chasse »; l’effet de chasse dépend uniquement du volume d’eau oscillant; or le sable extrait pour creuser un chenal sera remplacé par de l’eau, cad que cela ne changera en rien le volume d’eau oscillant; au contraire, si une partie du sable extrait est utilisé comme ce fut le cas lors des derniers dragages pour consolider la promenade ou engraisser les plages, cela réduira le volume du lac à marée haute et donc le volume d’eau oscillant, entraînant une diminution de l’effet de chasse.
Ceci permet d’affirmer que les prévisions de rivages protech concernant les volumes oscillants et l’élévation du niveau des bancs de sable et sur lesquelles reposent les propositions de dragage, sont erronées. Si une fois les dragages de 1992 effectués, les bancs de sables se sont reformés, ils se stabilisent une fois atteint un certain niveau, ce qui est actuellement le cas. Il nous suffira, au lieu d’aller faire des modélisations satellites aussi aléatoires qu’alambiquées, de planter un piquet de mesure dans le banc de sable incriminé pour constater ou pas l’élévation de niveau de sable. Des mesures très faciles sont également possibles à faire à partir des édifices existant depuis plus de 50 ans: digue, escaliers etc. Ainsi que des constatations de la présence toujours visibles de fondations de parcs à huîtres, piquetages, présence de concrétions vaseuses émergeant en plusieurs endroits et qui attestent que l’invasion de sable telle que décrite n’est qu’une vue de l’esprit. Les bancs de sable ne progressent pas en hauteur (sauf pour se reformer après des dragages) mais ils gagnent vers le fond du lac.
Les trois raisons évoquées par l’IDRA pour justifier son projet , passage pour les ostréiculteurs, sports nautiques, effet de chasse sont donc irrecevables.
Au contraire, le projet tel qu’envisagé entraîne des risques et contraintes graves autant environnementales qu’économiques dont l’expérience passée et le constat réalisé par la société des propriétaires d’Hossegor dans son rapport de 2003 devraient suffire à nous préserver.
Permettez-nous donc de vous proposer une autre raison:
A la lueur des éléments évoqués plus haut et considérant les 900 000 m3 enlevés mécaniquement depuis 1972 et les quelques 600 000 ou 700 000 m3 déposés par les marées depuis la même période, l’urgence de « désensablement » n’existe pas. Mais on peut considérer en effet qu’il faille prévoir de stabiliser l’avancée du banc de sable pour qu’il n’entrave ni la survie de l’écosystème de la partie sud (et notamment les massifs de zostères et hippocampes) ni les activités nautiques et économiques qui sont liées au maintien en eau de cette partie. L’état actuel du lac, qui a vu grâce au sable la disparition des zones vaseuses néfastes et nauséabondes, paraît être pour tous un état idéal tant pour la fréquentation touristique, le maintien des pratiques « autochtones », les ostréiculteurs qui ne réclament rien d’autre que le retour à un milieu sain, la mouette toute blanche à nez rouge qui se prélasse sur les bancs de sable et les hippocampes qui batifolent dans les massifs de zostères.
Il ne manquerait plus pour la paix de tous les utilisateurs et amoureux du lac qu’à lever l’interdiction préfectorale de ramassage de vers qui n’est plus respectée et dont il est avéré qu’elle n’intervient en aucun cas dans l’entretien des zones de vases et la dégradation du milieu.
Ainsi donc, envisager un dragage d’entretien sur un seul endroit avec une minimum de contraintes physiques entraînerait le minimum de risques. Il semble raisonnable et logique dans cette optique d’enlever le sable de l’endroit où il dépose, cad gérer la limite évolutive sable/vase qui n’est pas un milieu stabilisé. 100 000 m3 enlevés nous permettraient avec le moins de contraintes possibles (et le minimum de dépenses!) de stabiliser le niveau pour une dizaines d’années et d’avoir ainsi une expérience solide sans pratiquement aucun risque.
La raison unique de gérer le niveau de sable ne peut donc être qu’une raison environnementale, qui satisferait à n’en pas douter tous les professionnels et amateurs du lac d’hossegor. L’expertise de biotope permettra dans ce contexte d’orienter les travaux.
Et ceci nous évitera, élus, techniciens, responsables institutionnels et associatifs, sages du grenelle du lac d’Hossegor de passer pour de … doux farfelus (euphémisme bien amical) qui détruisent des bancs de sable blanc naturel, sanctuaires de nos mouettes chéries et les remplacent par des reposoirs artificiels !!!… pour d’obscures questions d’image et d’élégance. »
Vive les bancs de sable et les vagues naturelles !!!
Bon été.